3. Deux grandes zones stylistiques.
La "musique de
forêt"
Une frontière
virtuelle sinueuse et admettant des enclaves permet de
dégager une zone "de forêt" (grande forêt guinéenne, grande
forêt équatoriale, Afrique australe), et une zone "de
savane" (pays sénégalais et soudanais.....). La première est
de sensibilité musicale plus anciennement africaine, la
seconde a subi de manière directe ou indirecte l’influence
de l’Islam. On entend bien cette influence arabe dans le
film-conte
"L’enfant lion" de P. Grandperret, par
exemple dans les longues improvisations monodiques des voix.
Dans "Kirikou et la sorcière", elle est moins sensible
(plus de polyphonies, ensembles de flûtes et de koras) bien
que le Sénégal, pays d’origine du compositeur Youssoun’dour,
soit situé juste au nord de la limite énoncée plus haut.
* 3.1. Musique
de forêt, caractéristiques. *
Tendance à
favoriser les voix graves de femmes, qui se mélangent ainsi
avec les voix aigues d’hommes. Pratique du chant plus
volontiers collective qu’individuelle. Caractère mixte des
choeurs. Organisation fréquemment polyphonique de la musique
chorale. Usage du mode pentatonique. Alternance des voix,
soit en tuilage, soit dans des questions réponses classiques
entre choeur et choeur, ou entre un ou plusieurs solistes et
choeurs. Attention ces caractéristiques ne sont pas toujours
présentes simultanément.
* 3.2.
Quelques techniques vocales : *
Diaphonies : deux
voix chantent à la tierce des mélodies longues et volubiles,
coupées en phrases d’inégale longueur, ponctuées de notes
tenues. Dans certains rituels (Bas Dahomey, Bénin), la
polyphonie est proscrite et remplacée par une monodie
rigoureuse, représentant peut-être l’ordre et la sérénité en
l’honneur des dieux et des rois. Alternances solistes/choeur
obstiné (Afrique équatoriale) : le soliste expose la mélodie
en improvisant des ornements, le choeur l’accompagne d’un
ostinato de deux ou trois notes.
* 3.3.
Quelques instruments. *
Aérophones :
de nombreux types de flûtes, droites, obliques, nasales ;
des trompes. Cordophones : plusieurs sortes de
harpes, en particulier les superbes koras ou harpes-luth, à
la sonorité profonde et chaude ; l’arc musical, plus ancien
et qui permet de bien comprendre le fonctionnement d’un
instrument à cordes, puisqu’il n’en comprend que les
éléments les plus primaires, corde, support, caisse de
résonance. De nombreux types de membranophones bien sûr, et
des idiophones particulièrement caractéristiques : le
rhombe, idiophone à friction, les grands balafons,
xylophones joués seuls ou en orchestre, tambours à friction
ou à râclement.
¤ LEXIQUE ¤
Milieu temporel :
ensemble de représentations du temps différentes et
abstraites adoptée par le milieu social dans lequel on vit
(par exemple, temps chronologique, temps cyclique, temps
analogique, temps rituel etc...). Il peut être polychrone si
aucune des représentations n’est dominante, il est
monochrone si l’une des représentations (par exemple le
temps chronologique) est fortement dominante.
Improvisation :
manière de composer en temps réel, au moment où la musique
se déroule, sans que l’œuvre soit écrite sur partition. En
général le style improvisé est un style fluide,
imprévisible, et souvent (dans le jazz par exemple) les
improvisations s’appuient sur des schémas harmoniques ou
rythmiques préconçus.
Monodique :
à une seule voix, par opposition à polyphonique.
Mode
pentatonique : gamme de
notes comprenant cinq degrés différents.
Tuilage :
un groupe « s’accroche » à un autre groupe au moment de la
fin de sa phrase, puis commence sa propre phrase ; le
premier groupe s’arrête alors de chanter.
Chanter à la
tierce : chanter une
seconde voix en transposant la mélodie deux notes plus haut
(du do au mi par exemple).
Ostinato :
cellule rythmique et/ou mélodique répétée indéfiniment.
Cordophones :
instruments à cordes.
Aérophones :
instruments à vent.
Membranophones :
instruments à percussion à membrane (tambours).
Idiophones :
instruments à percussion auto-résonants (cymbales, cloches,
xylophones, maracas, triangle, etc...)
Sources : H.de
la musique (Pléiade, Bordas, publications CNRS),
publications temporalistes.
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